Au monastère, le Père Abbé ordonne à un novice de recopier les écrits religieux sur des parchemins, avec enluminures et couleurs. Après trois mois de cette passionnante activité, le jeune s’incline devant le Père Abbé et demande :
– Père Abbé, me serait-il permis de formuler très humblement une remarque? Nous copions toujours le livre précédent. Ne serait-il pas permis de vérifier avec les originaux? Si une erreur s’était glissée, ne serait-elle pas dupliquée à l’infini?
Le Père Abbé réplique:
– ces ouvrages sont sacrés, mon prédécesseur les a abrités dans les profondeurs, il n’est pas question de rompre la paix qui les entoure.
Cependant, après quelques jours de méditation, le Père Abbé s’en vient trouver le novice :
– J’ai réfléchi, je vais aller consulter le livre original. Je me suis muni d’une lampe. Suis-moi jusqu’à la crypte. Nous y voici. Je fais pivoter cet autel pour découvrir l’escalier. Bon. Si je ne suis pas remonté dans trois heures, donne l’alerte et descends.
Le Père Abbé s’enfonce dans les profondeurs par plusieurs escaliers et couloirs, jusqu’à une salle contenant les Livres.
Après les trois heures, comme notre religieux ne refait pas surface, le novice prend une lampe et descend. Guidé par les échos d’une voix au loin et par le bruit de coups saccadés, il finit par arriver dans la Bibliothèque.
Le Père Abbé est là. Il gémit et se tape la tête contre la cloison. Il tient un livre.
Comme le novice l’interroge, il s’exclame d’une voix tremblante:
Vœu de CHARITÉ !
C’était écrit vœu de C H A R I T É !