CHANSON : ANIMALICE, SURPOPULACE
Chers bobos ! L’opinion publique, l’opinion
S’accentue : voulez-vous que nous nous indignions
Quand on va mettre à mort un taureau solitaire ?
Vous allez voir que c’est une idée terre à terre.
L’ennemi dans l’arène approche et me provoque.
J’obéis, je bondis, je cours sans équivoque,
En ciel et en lumière, humant la terre et l’air,
Offrant dans ce théâtre sacré ma colère.
Encore la corrida ? D’accord c’est cruel mais
Toujours on voit la scène, les coulisses jamais.
Dans l’ombre, bien caché qu’est-ce qu’on ne veut pas voir ?
La tuerie à la chaine c’est dans les abattoirs.
ANIMALEURS, CARNIVORACES ! CARNIVORIENS, SURPOPULACE !
Poussés dans un couloir nous étions plus de cent
Dans d’épaisses effluves d’excréments de de sang.
Ne nous crois pas si bêtes, nous devinions nos sorts
Terribles, inexorables : par centaines la mort.
Un crochet de métal m’a transpercé la patte.
Ensuite on m’a hissé. Où est ce psychopathe ?
Ce dément m’a saigné d’un geste machinal.
Tout mon corps se tordait. Je beuglais ? J’avais mal.
A tout prendre est-ce mieux si, au bout du couloir,
Le piquant d’une aiguille entraine un voile noir ?
On ne comprendra pas. Après cette injection,
On percevra à peine la détonation ?
ANIMALEURS, CARNIVORACES ! CARNIVORIENS, SURPOPULACE !
D’après les Écritures, les gens sacrifièrent
Des bêtes sur l’autel et ils en étaient fiers.
Depuis, ont disparu ces rituels anciens :
Dieu n’en a plus besoin pour distinguer les siens.
Pourtant, dans nos quartiers, quels sont ces bêlements ?
Qui donc tient le couteau qui va mortellement
Trancher les gorges à vif pendant l’incantation,
Imité par les jeunes… Tout au moins les garçons.
Le bon pasteur est-il devenu l’ennemi,
Répétant chaque année la Saint-Barthélemy
Des moutons, égorgés sans étourdissement,
Rendant leurs âmes dans un dernier bêlement.
ANIMALEURS, CARNIVORACES ! CARNIVORIENS, SURPOPULACE !
Quand l’ennemi s’avance dans l’arène un matin,
Je cours pour l’encorner, fidèle à mon instinct.
Sous le soleil j’écume au milieu de l’arène.
J’ai du courroux, de la colère mais point de haine.
Réfléchissez. Pourquoi faut-il tant d’abattoirs ?
Nous sommes trop nombreux, oui, plus de huit milliards !
Il en faut des légumes, de la viande et du lait…
Quand donc comprendrez-vous qu’il faut nous réguler ?
O croissance, religion de nos économistes,
Tu n’es pas infinie, la Terre en est bien triste.
L’épuisement des biens tout comm’ la pollution
A pour cause première la surpopulation.
ANIMALEURS, CARNIVORACES ! CARNIVORIENS, SURPOPULACE !
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Dan dit Dan